SMS de NOE

Seigneur, je n’en peux plus.

Depuis que je vis à Aix en Provence, je vis dans l’angoisse.

J’ai appris que je travaillais dans une zone inondable et que de fortes précipitations du ciel pouvaient nous emporter même s’il ne pleut qu’un seul jour au lieu de quarante.

Alors j’ai voulu construire comme autrefois une arche pour sauver ce qui pouvait l’être.

J’ai créé une société en SAS (Sauvons les Animaux et Soi-même) mais il m’a fallu un capital moi qui n’ai que ma foi.

J’ai essayé d’éviter le RSI, une diablerie qui me damnera pour l’enfer alors que ma retraite ici-bas est compromise.

Je dois demander un permis de construire, mais la ville d’Aix va me le refuser car il y a un risque ….d’inondation sur ce pôle des Milles, en cas de contentieux le tribunal administratif m’infligera une diablerie de longueur.

Je n’ai pas osé aller à Marseille pour le faire, car avec tous ces règlements de compte (sans doute des comptables), le principe de précaution m’interdit d’y planter un seul clou rouillé.

J’ai essayé de retrouver des couples d’animaux à sauvegarder mais la SPA m’a interdit de récupérer un couple de loup car ils sont trop bien la haut dans les montagnes à manger les moutons qu’on leur offre et les écologistes réclament un espace vital pour les bêtes, ils refusent même que je récupère des platanes pour les sauver. Les services vétérinaires me demandent un certificat de salubrité et la carte vitale de chaque animal.

Enfin j’ai voulu faire travailler ma femme et mes enfants, mais l’Urssaf réclame une DUE chacun et de payer avec un argent qui ne vaudra plus rien par télétransmissions. Si je n’arrive pas à construire cette Arche je risque d’être pourchassé pour emplois fictifs.

Alors Seigneur, peux-tu me trouver un magicien pour m’aider ou peux-tu confier cette tâche à Hercule, ça lui fera un 13e travail. Mais inutile de détruire ce monde, les administrations s’en occupent déjà.

c/o Noé

Giovanni MARINELLA

La fable de l’audit

Fable de l’audit ou la crise vécue par ceux qui nous gouvernent

Un berger faisait paître son troupeau au fin fond d’une campagne quand, d’un nuage de poussière, surgit une rutilante Range Rover venant dans sa direction. Le chauffeur, un jeune homme dans un complet Armani, chaussures Gucci, verres fumés Ray Ban et cravate Hermès, se penche par la fenêtre et demande au berger :

Si je peux vous dire exactement combien de moutons il y a dans votre troupeau, m’en donnerez-vous un ? Le berger regarde le jeune homme, puis son troupeau broutant paisiblement et répond simplement :

– Certainement.

L’homme gare sa voiture, ouvre son ordinateur portable, le branche à son téléphone cellulaire, navigue sur Internet vers la page de la NASA, communique avec un système de navigation par satellite, balaie la région, ouvre une base de données et quelque trente fichiers Excel aux formules complexes ; finalement, il sort un rapport détaillé d’une dizaine de pages de son imprimante miniaturisée et s’adresse au berger en disant :

– Vous avez exactement 1 586 moutons dans votre troupeau.

– C’est exact, dit le berger. Et comme nous l’étions convenu, prenez-en un.

Il regarde le jeune homme faire son choix et expédier sa prise à l’arrière de son véhicule, puis il ajoute :

– Si je devine avec précision ce que vous faites comme métier, me rendez-vous mon mouton ?

– Pourquoi pas ? répondit l’autre.

– Vous êtes inspecteur des finances et vous faites des AUDITS, dit le berger.

– Vous avez parfaitement raison, comment avez-vous deviné ?

– C’est facile, vous débarquez ici alors que personne ne vous l’a demandé, vous voulez être payé pour avoir répondu à une question dont je connais la réponse et, manifestement, vous ne connaissez absolument rien à mon métier… Maintenant, rendez-moi mon chien !!!

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« un homme seul est toujours en mauvaise compagnie » Paul Valery

Et « il vaut mieux être seul que mal accompagné  »Terrible contradiction

Bref, c’est la crise

RIEN NE VA PLUS !

Les boulangers ont des problèmes croissants
L’apprenti boulanger a perdu son gagne pain
Chez Renault la direction fait marche arrière, les salariés débrayent.
Le maraîcher n’a pas un radis
A EDF les syndicats sont sous tension
Coup de sang à l’usine Tampax
Les bouchers veulent défendre leur bifteck
Les éleveurs de volaille sont les dindons de la farce : ils en ont assez de se faire plumer
L’arbitre se fait couper le sifflet
Les marins se font mener un bateau
Le serrurier a été mis sous les verrous
L’infirmier se prend pour un maître à penser
L’horloger est remonté comme une pendule
La mercière a une drôle de bobine
Le pêcheur prend du poids alors qu’il surveille sa ligne
Le serveur de restaurant met les pieds dans le plat
Le meunier se fait rouler dans la farine
Pour les couvreurs c’est la tuile
Le prof de géométrie a la tête au carré
Les faïenciers en ont ras le bol
Les éleveurs de chiens sont aux abois
Les brasseurs sont sous pression
Les cheminots menacent d’occuper les locos : ils veulent conserver leur train de vie
Les veilleurs de nuit en ont assez de vivre au jour le jour
L’ophtalmo a été placé en garde à vue
Le marquis a été laissé pour compte
La comtesse est loin du compte
Le laboureur a mis la charrue avant les boeufs
Le navigateur a eu un coup de barre
La femme de ménage n’est bonne à rien
Les pédicures doivent travailler d’arrache-pied
La blanchisseuse broie du noir
Le percepteur est devenu sourd comme un pot
Le jardinier n’a pas le temps de se cultiver
Le bûcheron est mal fagoté
Les ambulanciers ruent dans les brancards
Les pêcheurs haussent le ton
Les prostituées sont dans une mauvaise passe
Le pompier se fait incendier par sa femme
Le joueur de tennis est pris de court
Le forgeron est un peu marteau
Le chef d’orchestre est mené à la baguette
Sans oublier les imprimeurs qui sont déprimés
Le plongeur qui n’est pas dans son assiette
Et les cafetiers qui trinquent,
Les carillonneurs qui ont le bourdon.

 

Giovanni MARINELLA